Story of a Bridge between Two Worlds

Atelier Mitsushima Sawa-Tadori
KYOTOGRAPHIE 2020, Kyoto, Japan

Sep 19 – Oct 18, 2020

Commissariat Marina Amada

VISIT EN 3D :

https://2020.kyotographie.jp/exhibitions/marie-liesse/?lang=en

PRESSE :

京都新聞,+Kyoto+Shinbun,+September+24th

大阪日日新聞

Kyoto+Journal_14_10_2020

https://imaonline.jp/articles/report/20201009kyotographie-2020/#page-1

https://www.asahi.com/articles

ELLE

https://the.kyoto/article/750f810a-9171-4357-bc7b-ba5050fe8a92

https://the.kyoto/article/401b368b-1dfa-49e6-b3e4-95d97d88f21f

旅するトナカイ,+Tonakai+Fusako+blog,+September+20th

https://www.theguardian.com/artanddesign/gallery/2020/sep/21/kyotographie-2020-vision

La photo est là, sur le piano. Sur mon piano, qui fut autrefois le sien. A sa place. Prise il y a près de 30 ans par la photographe américaine Jane Evelyn Atwood. Je lui retrouve cette expression bien à lui qui me manque tant depuis près de 15 ans qu’il est parti. Ce regard vers l’extérieur et vers l’intérieur, cette main qui regarde, ce je-ne-sais-quoi de circonspect dont je sais qu’il cache une interrogation permanente pour le monde et un humour infini.
Difficile de croire à l’incroyable destin de ce cliché, retrouvé par Marie Liesse qui a reconnu Jean-Lin, sans pourtant l’avoir jamais connu, dans le livre Extérieur Nuit. Il justifie à lui tout seul le pouvoir de la photo et le sens de ce projet.
C’est une histoire d’amitié adolescente. De celles qui se nourrissent de premières cigarettes et de confidences, de blagues de potaches et de philosophie de comptoir. Mais aussi de la fascination mutuelle de nos différences. Une histoire de lien entre deux continents, le vieux et le nouveau, vers lequel Jean-Lin parti seul à l’aventure, avec sa canne, explorer pendant 5 ans la terre du Jazz et de ses mélanges. Une histoire de pont entre deux mondes, celui des non-voyants et le mien.
C’est une histoire d’amour. Celui de Marie Liesse pour moi, qui a voulu porter sur cet univers un peu de mon regard et que j’ai peu aidé dans sa vaste entreprise.
Et au milieu l’INJA.
Au milieu de la trop courte vie de Jean-Lin, entre Rosny-sous-Bois et les quartiers chics de la capitale, entre l’école de la république et celle des frères jésuites où nous fûmes ensembles élèves, et parfois cancres du même acabit. Dans ce lieu aux murs prestigieux, qui semble vouloir élever les âmes au-dessus de la masse, se rejouent éternellement les mêmes amitiés, les mêmes joies et les mêmes drames.
Et je réalise que notre rencontre est le produit de cet endroit, de cette passerelle où l’on prépare les enfants à s’intégrer au monde des voyants. C’est ici qu’ils apprennent les gestes et le codes du dehors, ici qu’ils s’initient à l’autonomie.
C’est à l’INJA que fut prise cette photo de Jean-Lin il y a 30 ans et à l’INJA que se tiennent ces séries de Marie Liesse. Elles ne dénoncent rien, ne montrent personne du doigt. Elles n’ont d’autre ambition que de nous offrir un peu de la poésie du lieu et de ces enfants pour qu’un jour, qui sait, elle irradie, par un même destin insolite, sur le piano de ceux qui les aiment.

Arnaud de La Bouillerie

 

 

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